mardi 7 décembre 2010

Un souvenir

Êtes-vous des rêveurs?
Aimez-vous voyager dans le temps, dans l'espace à travers des associations d'idées ou même des souvenirs?

Alors vous avez sûrement remarqué que les souvenirs apparaissent toujours de manière différente dans votre esprit. Ils peuvent surgir à la demande d'autrui, ou involontairement à tout moment. En écoutant une musique, en se promenant dans la rue, en travaillant. N'importe quand. Ils arrivent sans prévenir. Parfois, c'est juste une image, comme un flash. D'autres fois, ce sont des paroles, une anecdote. Et puis, quand vous vous arrêtez sur ce souvenir, vous pouvez l'explorer en profondeur. Vous n'êtes plus dans votre chambre, vous remémorant des moments passés, mais bel et bien à l'endroit où a lieu votre souvenir. 

Je suis à New York, dans les Heights, on est en 2006. Je sais pas comment j'ai débarqué ici, mais j'y suis. C'est le mois de juillet, et  avec Margot B. nous rentrons chez nous. On vient de sortir du métro à la 181 (oui c'est assez haut, mais je vous jure, on s'y fait), et on s'apprête à tourner à la 183, notre rue. Il fait chaud. Il est environ 20h. On sent que le tonnerre ne va pas tarder à gronder. Broadway est encore très active. Jusqu'à minuit, il y aura du monde dans la rue. Les porto-américains sont sympa, malgré tout ce qu'on a pu nous dire à propos du quartier. C'est ambiance "famille" dans la rue. Les enfants s'amusent sur les trottoirs avec de l'eau, les adolescents et un peu plus vieux ne se déplacent qu'en bande. Les parents et grands parents sont au pieds de leurs immeubles, radios à pleins volumes, et nourriture sur le feu. Tout se passe dehors. Et dans cette cacophonie joyeuse, chacun n'en fait qu'à sa tête, évoluant dans ce monde où personne ne prête attention à l'autre. Nous avons les bras chargés de sacs. Il fait lourd. Nous sentons sur nos corps la poussière accumulée dans la journée. Nous tournons à la 183. Trottoirs gris. Ciel gris. Briques rouges. Escaliers en extérieur. Murs de pierre. Ah voici notre immeuble. Nous devons contourner la petite famille qui fait de la friture au son de salsa. Mais ce sont eux qui empestaient tout le quartier! 

Paris. Chambre. Ca sent encore. Puis l'odeur s'estompe. Je reprends mes esprits, prends conscience de la réalité. Ai-je rêvé? Non, New York 2006, ce n'est pas un rêve.

Je ne sais pas si vous avez ce sentiment, mais j'ai souvent l'impression que mes souvenirs ne sont que des rêves. Je sais pertinemment qu'il a eu lieu, et paradoxalement, comme il fait partie du passé, je n'y crois plus. Le souvenir est là, réel, concret. Je vis toujours le moment présent, mais je n'aime pas qu'il devienne passé, même s'il y en aura d'autres. Dés que je m'éloigne de ma routine, de mes repères, dés que je m'échappe à l'étranger, c'est pour une durée déterminée. Et cette durée, quand elle se finit, je la mets entre parenthèses. Une parenthèse de la vie. 

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