lundi 16 avril 2012

Coup de Foudre au LDLT - 2e partie

Soyons françs : Y a-t-il une phrase à dire ou à ne pas dire ? Y a-t-il une recette spéciale pour réussir sa vie ? Y a-t-il une phrase spéciale pour réussir son acte de drague ou d’abordage ou whatever ?

Non. Je suis devant lui et je ne réfléchis pas. Les quelques mots qui flottent dans ma tête sortent en une vague déferlante et je lui lance : Tu as besoin d’aide ou d’inspiration pour écrire peut - être ?

Mon ton est très agressif, presque insolent, et je m’en veux au moment où je prononce ces mots qui n’ont même plus de sens pour moi. Je suis à court de souffle. Arrêt du temps. Blanc. Noir. Blanc. Jour. Loir dans la théière. Lui. Moi. Lui. Moi. Lui. Il lève ses yeux bleus vers moi et me dit : I’m sorry I don’t speak french.

Je relâche ma respiration. C’est un miracle. D’une part parce que le mec n’a pas compris l’énormité que je viens de sortir, d’autre part, le mec n’est pas français, et Dieu sait combien j’adore les étrangers.

A ce moment là, je ne suis plus ni chose ni blanc ni noir ni mal ni fatiguée ni rouge pivoine ni tremblotante ni ce que vous voulez, mais toujours amoureuse bien sûr, et c’est là que se produit un deuxième miracle, lorsque rebondissant avec toute mon énergie, je lui demande : Where are you from ? il me répond Israël.

Aaaaaaaaaaaaaaaaahhhhhh !!!!

Voilà ce que je suis en train de me dire tout bas.

1)    Il n’aurait pas pu dire mieux
2)    Je ne m’y attendais pas du tout

Je suis toujours debout et lui explique que je rentre à peine d’Israël.

Nous les français imaginons que les israéliens sont tous bruns, yeux marrons, et bronzés, alors qu’il y en a de type plus ashkénaze comme lui : chatain aux yeux clairs, peau claire, petit style arty, c’est à dire no style at all. Et bien les israéliens ignorent qu’il y a des juifs français qui vont souvent en Israël et différents de ceux qui traînent à Frishman en plein mois d’aout. Pour un Israélien soit t’es juif français brun et bronzé, soit t’es pas juif.

Le mec ignore que je suis juive et en quelques minutes, je suis déjà assise en face de lui, et un peu moins inconnue à ses beaux yeux bleus.

J’ai déjà oublié mes amis mais je suppose qu’ils comprendront. C’est une question d’amour ou de mort. Je joue ma vie en jeu.

Nous abordons de multiples sujets : Israël bien sûr, mais aussi nos vies respectives, notre vision de l’avenir, le cinéma, la musique, et bien d’autres. Il s’appelle D. a 26 ans, est photographe réalisateur, a été photo-reporter pendant son service obligatoire, a été blessé à la jambe, a arrêté - il remonte son pantalon et me montre sa cicatrice - me dit que c’est son dernier jour à Paris, et tandis que nous parlons, mes amis s’en vont – je réussis néanmoins à faire comprendre à mon amie A. que je drague – et deux heures plus tard, le responsable nous met gentiment à la porte.

Il doit rejoindre des amis dans le quartier, je dois rentrer me préparer pour un diner d’anniversaire à 20h dans le 8e. Nous nous quittons en nous serrant dans les bras, échangeant noms et adresses mails. Je rentre chez moi. Je suis sur un nuage. J’appelle en express mes dix copines les plus proches et tour à tour leur raconte la même histoire. Je suis en retard. Je ne pense qu’à lui. J’ai seulement envie de rester sur mon lit, allongée sur le dos, les yeux vers le plafond, penser à lui,  et revivre cette rencontre. Je m’habille en vitesse. Je pense à lui. Je sors. Je pense à lui. Il pleut. Je pense à lui. Je m’engouffre dans le métro, mon ipod à la main, le casque sur mes oreilles, la chanson What a Wonderful World me possède. Les yeux fermés, j’attends le métro, et sur les paroles de Louis Amstrong, je ne pense qu’à lui et à cette rencontre hors du commun. J’imagine son visage, je me remémore ses derniers mots, et extrapole sur ce qui aurait pu se passer.

Et si je l’avais rencontré plus tôt ? Impossible, j’étais en Israël. Et si j’étais restée plus longtemps en Israël, peut-être l’aurais-je rencontré là bas ? Pas très plausible.


Je plane. Je sens une présence. J’ouvre les yeux. Il se tient à côté de moi. Info ou Intox ? Rêve ou réalité ? Délire ou réel ?

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