jeudi 2 septembre 2010

Frayeur d'un soir

Clara et Mathilde en train de dîner. Barcelone, sur Las Ramblas. En face de nous, une bonne salade au thon que el Padre, notre papa adoptif de la soirée, vient de nous servir prestement et avec paternité et amour.

Soudain, je tique : "Il y a un mec bizarre derrière toi". Mathilde n'a même pas besoin de se retourner qu'elle sent une présence qui rôde. Puis, un pantalon beige. Un polo noir. Pervers ou tueur? Riverain innocent ou étranger angoissant? Le doute se dissipe vite. En effet, un regard lourd pèse sur notre conversation légère. Un type grisonnant traîne délibérément à côté du kiosque, à deux mètres de notre table. Il allume une cigarette, ne fait pas mine de partir et nous regarde. Nous sommes de moins en moins concentrées sur la conversation. Nous échangeons des murmures inquiets : "Il a quoi dans sa poche? Un couteau? Un flingue?"
On commence à y croire. Il va nous tuer.On pense à se munir de nos couverts en cas d'agression mais les couteaux ont le bout rond. On n'a rien; on est vulnérables. Le mec est tout près. On pense même à mettre une chaise à côté de nous pour le faire fuir.

La tension monte. Les estomacs se serrent autour de cette si bonne salade mediterrannéenne. Le type passe à deux reprises devant nous. "Ca bouge grave dans sa poche! Mais il se touche là?!"

Un instant de battement. Pensées bloquées.

Mathilde bondit de sa chaise et se poste devant lui. L'adrénaline est montée, il faut réagir. Le mec a un regard qui sent la violence, à la fois morveux et défiant. On le dérange dans sa jouissance de salopard. Mathilde est prête à tout, même à se battre. "Voy a llamar a la policia" dit-elle à voix basse. Le mec la regarde par en dessous, l'oeil insolent. Le gigotement à l'intérieur de la poche ralentit mais ne s'arrête pas. Il ne cède pas, ne recule pas. Mathilde enfonce la porte qu'elle vient d'ouvrir. Elle hausse le ton et y met la force qu'elle aurait voulu mettre à frapper le type :"VOY A LLAMAR A LA POLICIA SI NO TE VAS". Je ris nerveusement. Ma soeur est drôle. Mathilde tourne les talons en assurant avec applomb au mec qu'elle va maintenant appeler les flics. La voyant aller chercher du renfort, (el Padre), le branleur à la sauvette fait lentement demi-tour et s'éloigne sans se presser. Finalement, le bon padre hèle une voiture de police et leur rapporte les faits.

Notre pétrisseur de churros pourra-t-il finir la soirée en pratiquant son hobby préféré ou devra-t-il se rendre, la queue basse?

En tous cas, on espère qu'il aura mal aux chouquettes.

1 commentaire:

  1. Quelle intrigue!!! En te lisant j'ai vraiment cru vivre la scène! ca aurait été très drôle que "les chouquettes" soient introduit dans le dialogue! lol Bisous

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