Dimanche 4 Septembre : 24 ans.
24 ans et je passe la serpillière.
24 ans, je passe la serpillière et je comprends enfin l’utilisation du balais-brosse. Ce balais qui traîne depuis des siècles chez moi, qui prend de la place à côté du frigidaire, qui encombre l’espace et qui dérange. Ce balais qui a l’air de dater de l’Antiquité, je me suis toujours demandé à quoi il servait, et bien, en ce jour de mes 24 ans, je comprends enfin.
Je n’ai pas 24 ans pour rien.
Je gratte le sol noir avec ce fameux balais. Je manque de forces, mais je suis si fière de pouvoir enfin m’en servir, que je ne me démotive pas. Il faut que ça brille ! Je frotte, je renverse le Mr Propre, lave à grande eau, éponge avec une serpillière, puis repasse avec des lingettes spéciales. Courbatures, mal de crâne, frissons, et je me traîne sur ce ménage qui n’en finit pas.
Je ne me traîne pas sur ce ménage pour rien.
A chaque fois que je passe et repasse la serpillière à un endroit précis, je me souviens. Je me souviens de ce qui s’est passé à cet endroit précis la veille lors de la soirée pour mon anniversaire. J’essore la serpillière pleine d’eau noire dans le seau prévu à cet effet puis l’y replonge dedans. J’en suis à la salle de bains. J’ai un flash, je me souviens avoir peint des multiples visages sans même faire un effort artistique ! Puis les toilettes. Pourquoi il n’y a plus de poignée de porte ? Je devais être en train d’accueillir les invités et non-invités. Je repense d’ailleurs au mec, débarqué de nulle part avec son vuvuzela puis reparti aussi vite qu’arrivé. Toutes les anecdotes de la veille surgissent une par une. J’oublie ce ménage atroce. Le ménage me fait oublier le ménage. Je ris toute seule.
J’aurais pu angoisser du style : « Je fais le ménage seule avec mon mal de crâne le jour de mes 24 ans », mais non, je me porte bien, et la situation me fait rire. J’aurais pu aussi avoir un gros coup de blues du style : « Je vieillis, j’ai peur de la vieillesse, le temps passe trop vite, etc », mais non, pas de mauvais sentiment vient me plomber. Je me souviens de la veille et je ris.
Je n’ai pas fêté mon anniversaire pour rien.
Un moment passé avec tous les gens qu’on aime de près ou de loin, n’apporte que du bonheur. Et puis, ce que j’aime fêter, c’est la vie avec les amis, la famille, les proches. Les années peuvent passer aussi vite qu’elles veulent, je peux avoir 84 ans demain, m’en fous, si les proches sont là, c’est le plus important !
Il y a du bonheur dans ce ménage.
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